La cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris ou la capitulation culturelle française
« Plus vite, plus haut, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques contemporains. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette devise était de circonstance pour la cérémonie d’ouverture des jeux de Paris… mais pas nécessairement dans le sens que l’on attendait.
En effet, s’il convient de saluer quelques instants émouvants comme les magnifiques fumigènes bleu, blanc et rouge au-dessus du pont d’Austerlitz, la sublime interprétation de la Marseillaise par Axelle Saint-Cirel, ou bien encore l’émouvant embrasement de la vasque olympique par Teddy Riner et Marie-José Pérec, qui rendait hommage aux frères Montgolfier, le reste de la cérémonie n’a pas été à la hauteur de cette belle idée qu’est la France.
Nous aurions aimé transmettre au monde notre fierté, non seulement d’être Français, mais aussi et surtout d’être les porteurs de cette merveilleuse flamme, alimentée par notre idée de l’Universel, consubstantielle à notre pays… hélas, il n’en fut rien.
Je vois au contraire dans cette cérémonie un manifeste de la capitulation culturelle française, organisé de façon extrêmement méthodique.
Ce véritable projet s’est tout d’abord attaqué à ce qui fait l’essence même de la France, à savoir non seulement son Histoire et ses institutions, mais également sa constitution même comme communauté de destins, pour ne pas employer ce gros mot qu’est devenu le concept de Nation.
Le renversement de principes, ainsi que le dévoiement de certaines traditions françaises dans un but militant est aussi à souligner, que dis-je, à dénoncer pour tout amoureux de la Patrie.
Enfin, la mise en exergue du multiculturalisme et de certaines prétendues « minorités » est une véritable insulte à la belle promesse républicaine de Fraternité où chacun, quel qu’il soit, est appelé à servir la France.
La fin de la nation française
Lors d’une manifestation internationale de cette ampleur, n’est-il pas normal qu’un pays mette en avant sa culture ? On se souvient tous de l’apparition de la reine d’Angleterre et de James Bond lors des jeux de Londres. Qui avait alors songé à critiquer cela ? Personne, mais il faut croire que les temps ont changé.
En effet, en 2024, point de référence à la culture française et à sa grandiose Histoire, si ce n’est-à-travers Notre-Dame et à la Tour Eiffel, mais qui ont été ramenées à leur simple dimension bâtimentaire.
Rien sur ce magnifique syncrétisme gallo-romain, sur ce patient façonnage par nos rois, sur cette sublimation révolutionnaire et impériale… bref l’histoire française a tout simplement été gommée.
Nos institutions n’étaient toutefois pas totalement absentes puisque la Garde républicaine était présente.
Néanmoins, cette dernière était sommée de courber l’échine, non pas face à une personne, Aya Nakamura, mais bien face au courant musical qu’elle représente. Il ne s’agit pas ici de critiquer le Rnb ou plus largement la pop urbaine française, mais bien de dénoncer la position hégémonique que ces courants musicaux ont occupée lors de la cérémonie d’ouverture. Admettons le rap et les chants signeurs, mais pourquoi passer sous silence Berlioz, Rossini et Lesueur ? Reconnaissons qu’il est difficile de ne pas y voir une entreprise militante.
La soirée a été émaillée de commentaires antimilitaristes et anticapitalistes. Tout d’abord, l’anticapitalisme des partenaires olympiques que sont Coca-Cola, Carrefour ou bien encore Deloitte me paraît difficilement perceptible… En outre, ces affirmations, tout comme la haine du militaire, traduisent la pensée d’une gauche qui s’est coupée de son histoire. Robespierre, même dans son discours contre la guerre, se prononce clairement en disant « […] la nation ne refuse point la guerre si elle est nécessaire pour acheter la liberté... ». Oui, la guerre est une infamie si elle vise à oppresser un pays libre. En revanche, elle est un devoir sacré dès lors que la Patrie est attaquée. Dénoncer un « antimilitarisme », c’est refuser le concept de Défense nationale. Le chant du Départ et la Marseillaise ne mettent-ils pas en exergue le sacrifice de Barra, de Viala et plus largement de tous les patriotes ? Enfin, Jaurès, le grand Jaurès, ne défend-t-il pas la nécessité de mourir pour la belle idée républicaine, dans l’Armée nouvelle notamment ?
Pour porter un coup fatal au concept de Nation, encore faut-il le dissoudre dans quelque chose d’autre.
C’est bien évidemment là qu’intervient l’idée d’« Union européenne » (U.E.). La critique de cette organisation, qui défend tout sauf l’Europe, a déjà été faite par votre serviteur, je serai donc relativement concis sur ce sujet. Comme le disait Jaurès, « La Nation est le seul bien de ceux qui n’ont plus rien. », il est donc nécessaire de la défendre. L’U.E. a été fondée sur des bases économiques, ce qui est logique pour une idée portée notamment par un marchand de cognac. On comprendra aisément que l’histoire pluriséculaire de la France est incompatible avec cette funeste idée de marché commun. La référence explicite à cette organisation a donc toute sa place dans cette vaste entreprise de déconstruction de la France. Chacun pourra apprécier le paradoxe entre l’anticapitalisme affirmé et la promotion d’une organisation qui promeut le marché unique et le lobbying à outrance...
Anticonformisme de façade et dévoiement des traditions françaises
Nous venons de parler de la grande absente de cette cérémonie : l’Histoire de France. Le corollaire de cette dernière, c’est le sacré, et notamment le sacré républicain, si cher à Régis Debray. Force est de constater que ce dernier a été remplacé au profit d’un anticonformisme lourd et malséant. À mon sens, l’anticonformisme ne mérite son appellation que s’il est transgressif et dénonce de réelles injustices. Ici, c’est tout l’inverse, l’anticonformisme est mis en avant pour lui-même, pour ne pas dire pour la débauche qu’il met en scène. Ne nous y trompons toutefois pas, il ne s’agit pas ici d’une improvisation sans ordre, mais bien d’une mise en scène particulièrement bien réglée.
Le caractère bigarré de la cérémonie n’était pas sans rappeler, non pas un prétendu folklore parisien, mais plutôt la mode des Incroyables et des Merveilleuses thermidoriens, symboles de la confiscation de la Révolution par la bourgeoisie, après la mise au ban de Robespierre. Difficile également de ne pas voir dans la vêture anarchique, et souvent ridicule des protagonistes, la manifestation, certes caricaturale, mais néanmoins ultime de la post-modernité. Ce mouvement philosophique, porté notamment par Gilles Deleuze et Jacques Derrida, critique la rationalité défendue par Descartes et Hegel, mais aussi le Marxisme. Si l’idée initiale était de proposer une alternative à la crise des idéalismes, parfois totalitaires, du XXème siècle, le remède est pire que le mal. En effet, à mon sens, ce rejet de la Raison conduit au triomphe de ce mauvais génie qu’est l’art contemporain et à l’expulsion du sens qu’il prône.
Le blasphème, et plus généralement le sens de la gaudriole est un caractère extrêmement français, nul ne pourrait en douter. De Rabelais à Clemenceau en passant par Voltaire, l’amour du bon mot fait partie de notre patrimoine national. En ce sens, comment ne pas sourire à la vue de cette parodie de la Cène chrétienne ? Il ne s’agit donc pas ici de dénoncer ce tableau de la cérémonie, mais plutôt de le mettre en perspective par rapport aux autres monothéismes. Ce qui m’a gêné ici, ce n’est évidemment pas le blasphème en lui-même, mais plutôt son utilisation à des fins militantes. Effectivement, ici c’est bien une attaque contre l’ancienne culture dominante, représentée par le catholicisme, qui était menée. Que les véritables défenseurs de la laïcité républicaine qui jugeront mon propos réactionnaire se demandent si une telle attaque aurait été possible contre l’Islam ou le Judaïsme. J’espère me tromper, mais je suis persuadé que l’on aurait crié à l’islamophobie ou à l’antisémitisme. La Grandeur de la France, c’est de pouvoir se moquer de tout et de tout le monde. Assez de cette impertinence à géométrie variable. Faire preuve d’autant de pusillanimité, c’est insulter l’intelligence de nos concitoyens de confession musulmane ou juive qui ont, n’en doutons pas, autant la France au cœur que les autres. Ce « deux poids, deux mesures » me semble bien loin de la fraternité olympique que la cérémonie était supposée célébrer.
Apologie de prétendues « minorités » au détriment de l’assimilation républicaine
Bien évidemment, afin de mettre définitivement à mal cette belle idée qu’est la France, il fallait annihiler l'’assimilation républicaine qu’elle prône, en cédant à la dictature de la mise en lumière des « minorités ».
La première d’entre elles est évidemment constituée par les femmes. Et oui, désormais la détermination physiologique et biologique tient lieu de classe sociale… nous sommes tombés bien bas. Néanmoins, il serait antirépublicain d’affirmer que seuls les hommes devaient être mis à l’honneur ; comme toujours, la République, c’est un chemin de crête, « un sentier d’or » pour reprendre l’expression de Frank Herbert. Je ne suis donc évidemment pas hostile à la promotion des femmes dans les cérémonies de ce type, pourvu que les hommes y prennent également toute leur part et que les figures choisies aient un sens dans notre récit national. Ce n’est pas faire injure à Alice Milliat, Paulette Nardal, Gisèle Halimi, Jeanne Barret et Alice Guy, soit la moitié des figures féminines célébrées, que de dire qu’elles ne sont pas des personnages fondateurs de l’Histoire de France. Pourquoi ne pas avoir pensé à la plus évidente des femmes françaises, je veux bien évidemment parler de Jeanne d’Arc ? Ce symbole était particulièrement puissant, non seulement pour ce qu’il a représenté au Moyen Âge, mais aussi pour son utilisation par la résistance française face à la barbarie nazie. Une mise en lumière de l’action de Marie Curie, non pour sa qualité de femme, mais bien pour son apport au génie scientifique français aurait été aussi une heureuse initiative.
Afin de terminer sur une note plus positive, je veux saluer deux moments qui m’ont particulièrement touché lors de cette cérémonie, que j’évoquais dès l’introduction de ce présent texte. Je veux bien évidemment parler de la poignante Marseillaise d’Axelle Saint-Cirel et de l’embrasement de la vasque olympique par les deux derniers relayeurs que sont Teddy Riner et Marie-José Pérec. Si j’ai trouvé ces instants particulièrement positifs, ce n’est évidemment pas parce que ces personnes sont « racisées » comme aiment à le dire les bien-pensants; je demande d’ailleurs pardon ici à ces trois grands citoyens de les rappeler de la sorte à leurs caractéristiques physiques, mais bien en raison de ce qu’ils ont accompli pour la France. Ce qui m’a ému, c’est, pour l’une son aptitude à chanter son amour de la France à pleins poumons, et pour les deux autres la capacité à mettre leur époustouflant palmarès au service du rayonnement de la France. Que ceux qui ne sont pas capables de voir autre chose que cela s’interrogent sur leur attachement à l’idéal républicain !
En conclusion, on ne peut que regretter ce rendez-vous manqué entre la France universaliste et l’Univers.
Nous aurions aimé que notre Histoire soit mise en avant afin de montrer combien notre Nation a eu l'honneur d’apporter à l’Humanité. C’était aussi l’occasion de célébrer l’idéal républicain, chevillé au corps de chaque citoyen français digne de ce nom.
Tout cela n’a malheureusement pas été possible. Néanmoins, nous devons nous souvenir que la France, qui est d’abord une idée, n’a pas besoin d’une cérémonie olympique pour rayonner aux yeux du monde.
Citoyens, nous avons perdu une bataille, mais nous n’avons pas perdu la guerre !
Vive la République, vive la Nation et vive la France !
Charles-Louis Schulmeister,
Le 10 thermidor de l’an CCXXXII de la République française
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